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Ecrivaine occitane, semeuse de graines de folie. Etre écrivain, c'est combattre, c'est dire, dénoncer, tous les jours, à chaque instant, jusqu'au dernier souffle. C'est aussi écrire pour vous faire évader. Quitter les sentiers battus et partir vers d'autres horizons.

Histoires magiques pour enfants polissons

 

L’arbre magnifique

Jonquille, la petite chenille

Le village maudit

 

L’arbre magnifique

 

Il était une fois un grand pin d’Alep au bord de la Méditerranée. Ses racines plongeaient au plus profond de la terre. Fier, sûr de sa force et de sa supériorité sur les buissons rachitiques, il se moquait de leur faiblesse. Sa tête s’élevait jusqu’aux cieux. Il tutoyait les nuages. On le voyait de loin, depuis le rivage et même du fond de l’horizon. Il vivait là depuis plus de cent ans. Les trois petites filles du Bosquet du Paradis l’appelaient « l’Arbre Magnifique ».

Or, il advint qu’un jour, un mercredi après-midi jour de vacances pour les enfants, ses branches commencèrent à tomber emportant avec elles les pignes, les feuilles, les oiseaux qui nichaient dans le feuillage. Les trois petites filles assistèrent, les larmes aux yeux, à l’agonie de leur ami. Personne ne pouvait rien pour lui. Les parents tentèrent de leur faire comprendre que l’arbre magnifique était sans doute malade et qu’ils allaient devoir prendre la tronçonneuse pour le transformer en bois de chauffage. Zziiiiiiiii ! Zziiiiiiii ! Crac ! Ah ah ah ! Coupe, coupe ! chantait déjà la tronçonneuse. Les trois petites filles cachées dans leur cabane pleuraient à chaudes larmes. Sniff, sniff, reniflait leur petit nez, boum boum, répondait leur cœur comme un tambour triste. Il ne restait que deux jours avant la mort de leur compagnon.

Elles étaient là, pleurant, se lamentant, appelant les génies de la forêt au secours de leur ami, lorsqu’elles entendirent une voix. Elles sortirent de leur cachette et tombèrent nez à nez avec un drôle de vieil homme.

 

Sa barbe blanche traînait jusqu’au sol. Elle était remplie de feuilles sèches et d’épines accrochées à ses poils. De longs cheveux blancs descendaient dans son dos, et faisait comme un rideau devant son visage. On ne voyait que deux petits yeux noirs au milieu de cette abondante tignasse.

Les trois petites filles eurent très peur, mais il avait l’air gentil et inoffensif.

— Vous devez trouver le sécateur magique de lumière, leur dit-il, et l’arbre sera sauvé.

Des sécateurs il y en avait beaucoup dans le garage mais aucun n’était magique, aucun n’était lumineux. Tandis qu’elles s’interrogeaient sur les paroles du vieil homme, il disparut et, à sa place, elles virent un tapis. Un tapis comme dans les films d’Aladin mais miteux et plein de trous. Bizarre, bizarre.

Qu’allaient-elles faire de ce truc pourri ? Le vieil homme s’était-il moqué d’elles ? Elles prient le tapis, et vlan ! le jetèrent avec colère dans la cabane. Puis, elles s’assirent dessus car il les protégeait des aiguilles de pins et continuèrent à pleurer leur ami.

Soudain, le tapis se souleva et tel une fusée en partance vers la lune s’échappa de la cabane et s’envola au-dessus des maisons, emportant avec lui les trois fillettes terrorisées. Elles se serrèrent les unes contre les autres de peur de tomber. Le tapis prit de la vitesse et bientôt elles ne virent plus leur village, ni leur pays.

— Nous allons mourir ! pleurnichèrent-elles en appelant leur maman.

Mais le tapis garda le cap et malgré son mauvais état vola comme un oiseau. Au-dessous d’elles elles virent la mer, des bateaux, des baleines et même un groupe de dauphins qui jouaient dans les vagues. Elles n’avaient plus peur. Puis, le crépuscule est arrivé. Le tapis a perdu de la vitesse et s’est posé sur une plage. Il faisait chaud et elles avaient soif. Alors qu’elles se demandaient comment trouver de l’eau et surtout le sécateur magique, une mouette se posa sur le sable et leur dit :

— Pourquoi chercher loin ce qu’on a sous les yeux ?

Elles ne comprirent pas ce que disait la mouette. Hélas, elles n’eurent pas le temps de demander des explications. Un énorme animal avec des poils longs et sales toutes griffes dehors se mit à souffler de son haleine puante. Bou… Bou… Grrrrrr ! Elles s’enfuirent en criant. La bête en profita pour voler leur précieux tapis avant de s’enfuir en ricanant. Arf, arf, arf… Plus de moyen de transport pour rentrer chez elles !

— Montez sur mon dos, dit la mouette.

C’était une mouette magique. Elle grossit, grossit jusqu’à être assez grande pour pouvoir transporter les trois enfants. Elle les ramena à la maison.

L’arbre magnifique avait perdu la presque totalité de sa verdure. Il dépérissait à vue d’œil. Déjà le bruit de la tronçonneuse résonnait dans leurs oreilles. Brrrr, zrrrr zrrrr…

— Cherchez, cherchez, dit la mouette. Le sécateur magique est caché chez vous.

Elles coururent jusqu’au garage, vite, vite, ouvrirent tous les tiroirs et ne trouvèrent rien. Vite, vite ! La vie de l’arbre ne tenait plus qu’à un fil. Puis, elles ouvrirent une petite commode abandonnée depuis longtemps par la mamie qui ne jetait jamais ses vieilles affaires et, dans le tiroir du bas, caché dans un coin, brillait le petit sécateur.

— Enfin ! Vous voilà ! leur dit-il.

Mais que faire ? Que faire de ce sécateur magique ? Comment redonner vie à leur arbre moribond ?

La mouette encore une fois vint à leur secours.

— Montez sur mon dos. Avec le sécateur vous allez couper la grande branche qui reste encore verte, tout là-haut.

C’était dangereux et difficile. Mais les trois fillettes n’avaient plus peur. Elles montèrent sur le dos de la mouette puis se firent la courte échelle pour arriver jusqu’à la cime. Le sécateur magique s’échappa et clic, clac ! Clic ! Clac ! Coupa de-ci, de-là, la branche où vivait toute une colonie de chenilles qui tuait l’arbre.

C’est alors que de méchants petits personnages, des trolls maléfiques déguisés en chenilles, tombèrent parterre en ricanant méchamment : Harr harr harr ! Crash ! Les trois fillettes les écrasèrent avec leurs chaussures.

Alors l’arbre magnifique retrouva sa verdure et ne se moqua plus jamais des arbres plus petits que lui. Le petit sécateur, héros de cette histoire, fut rangé dans un beau tiroir sur un tissu de velours vert et la mouette repartit chez elle en promettant de revenir.

Je sais ce que vous allez me demander. Et le vieil homme ? Eh bien, lui, c’était le génie de la forêt. Il aurait pu sauver l’arbre lui-même, oui, il aurait pu. Mais il voulait que les petites filles se rendent compte que les humains doivent eux-mêmes protéger la nature. Ce qu’elles firent ensuite toute leur vie.

 

Dédicacé à Garance, Manon et Julie

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