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Ecrivaine occitane, semeuse de graines de folie. Etre écrivain, c'est combattre, c'est dire, dénoncer, tous les jours, à chaque instant, jusqu'au dernier souffle. C'est aussi écrire pour vous faire évader. Quitter les sentiers battus et partir vers d'autres horizons.

Vaincre le BURN OUT ? oui, par la dérision

Vaincre le BURN OUT ? oui, par la dérision

Et voilà. Vous craquez. Métro, boulot, dodo, chefs sur le dos ? Vous n'en pouvez plus.

Cela fait combien de temps que ça dure ? 10 ans? 20 ans ? Trente ? Six mois ? Peu importe le temps. Si vous restez dans cette boîte vous allez finir bargeot. Si, si, je peux vous l'assurer.

Ecoutez plutôt mon histoire, ce qui m'est arrivé il y a bien longtemps à une époque où je bossais comme une trimarde huit heures par jour, bien avant les 35 heures... heureusement il me restait assez de lucidité pour écrire mon aventure au jour le jour

Et vous pouvez me croire, je suis une personne censée, tous ceux qui me connaissent vous le diront. Parole, je fais encore des cauchemars 15 ans après !!!!!!

 

Il paraît que les écrivains, sont des gens un peu bizarres... L’écrivain, c’est moi, là... (Ben oui, moi, celle qui vous parle). « Hors normes » comme dirait une « cheffesse » de ma connaissance qui se croit la plus maligne... Cheffesse, cela sonne bien, vous ne trouvez pas ? Ca fait « chef de mes fesses ?  ou de kermesse, non ?

 

Bon, passons ... Ça va, ça va, je ne recommencerai pas les jeux de mots bidons, c’est promis... J’ai dit : je ne recommencerai plus !. Eh, oh ! On se calme ! d’ailleurs, je fais mes excuses à tous les chefs du monde pour mes propos médisants. Cela vous va ? Bon, je continue. Et ne m’interrompez pas sans cesse, ça me déconcentre.

 

En tout cas, c’est ainsi qu’on les appelle, chez nous, les chefs femelles (les cheffesses). C’est écrit sur leur bulletin de salaires, alors vous voyez ?

C’est peut-être vrai, après tout... Je suis hors normes. A quatre heures du matin, je suis déjà devant mon ordinateur, les yeux rougis par la luminosité agressive de cet esclavagiste. Pourquoi ai-je accepté d’écrire ce livre ? Nom d’un chien ! J’ai le don de me fourrer toujours dans des histoires à dormir debout.

Je travaille trop et c’est peut-être pour cela que je commence à avoir des hallucinations. Ne riez pas. Cela arrive. Je ne suis pas Jeanne d’Arc, je n’entends pas des voix, mais l’autre jour j’ai vu passer des avions sur la route... Et si, c’est possible. Ce n’est pas forcément mieux, n’est-ce pas ? Bon, je n’irai pas tenter de sauver la France, ça rassure au moins mon mari. Pas mes collègues de travail. Elles me prennent pour une cinglée... Si, si, je vous assure ! Quand je pense que dans quatre heures je dois reprendre mon poste au bureau, j’en vomirais. J’ai envie de vomir chaque fois que j’y pense.

Cette nuit, j’ai rêvé que je les assassinais... Qui ? Elles, eux... Pas tous, pas toutes, rassurez-vous. Un bel assassinat, bien propre, dans les archives de la Société. Je les avais coupés en petits morceaux et je les avais rangés sur les étagères, bien alignés, en rang d’oignons. J’avais mis de jolies étiquettes dessus que j’avais fait à l’ordinateur, en couleurs, avec une petite bordure. C’était ravissant, tous ces yeux de vaches et de bœufs tranquilles qui me contemplaient d’un regard suppliant ! C’était si émouvant que j’avais envie de pleurer. Je n’aime pas être triste. Alors je les ai jetés à la poubelle pour ne plus être triste. Puis, je me suis réveillée. Il m’a fallu au moins trois tasses de café bien fort pour me remettre.

Maintenant il faut que j’écrive ce livre de malheur. C’est sur la folie. La folie... Est-ce que je sais ce qu’est la folie, moi ? Bon reprenons depuis le début, ne nous laissons pas disperser. Il faudrait au moins que je me renseigne, que je lise. Peut-être Freud ? Bof... Laissons l’ami Freud dormir tranquille. Je trouverai bien une idée. Pour le moment je ferais mieux de me préparer et de me maquiller. J’ai l’air d’avoir fait la bringue toute la nuit. Je vais encore me tromper dans mes comptes et me faire passer un savon mémorable. Vous ai-je déjà dit que j’avais envie de trucider quelqu’un ?

Dehors le vent gémit entre les planches d’un vieux volet qui ne tardera pas à rendre l’âme. On dirait un enfant qui pleure, j’ai envie de le bercer. La Tramontane a soufflé toute la nuit, sans répit. Les arbres du jardin ont perdu les dernières feuilles sèches restées accrochées à leurs branches décharnées comme par magie. A présent, les voilà complètement nus. Il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors, pas plus qu’un chat ou un poisson rouge. Savez-vous que le vent rend fou ? Enfin, c’était les vieux qui disaient cela. Ce n’est pas scientifique. Or, la folie est scientifique, pas vrai ?

Je m’installe devant mon petit déjeuner sans cesser de penser à ce fichu roman. Je n’ai pas le moindre début de petit soupçon d’idée. Je beurre copieusement mes tartines, et je les trempe dans mon café noir. La quatrième tasse de la journée. L’aube pointe à peine le bout de son nez par la fenêtre de la cuisine. On dirait qu’un pyromane a mis le feu au ciel. J’attends que le soleil brille tout à fait pour partir. Je n’aime pas prendre ma voiture la nuit, surtout en ce moment. J’y vois trop de choses insolites. Vous ai-je déjà dit que j’avais des hallucinations ?

 

La radio hurle :

Tremblement de terre en Colombie... Des milliers de morts... L’Europe part au secours des sinistrés.

L’OTAN bombarde Belgrade...

 

En me levant je renverse la tasse de café et je jure tout haut :

- Bon sang ! Mais je ferais mieux de dormir, moi !

Je perds dix minutes à nettoyer la nappe. La journée commence bien... Je n’ai pas écrit une seule ligne ce matin.

 Au fait, j’ai oublié de vous dire : je travaille dans une société nationale d’import-export. Nous importons des objets de Thaïlande, genre « ramasse-poussière » qui ne servent à rien et nous exportons nos cerveaux

 - Ah, ah, ah...

 - Quoi, Ah, Ah, Ah ? Vous trouvez ça drôle ? Il faut tout vous expliquer à vous, hein ? Vous ne me semblez pas être le genre « fufutte »... Mais oui, nous exportons notre matière grise, quoi, dans les pays du Tiers Monde... Vous connaissez ? Je me demande bien ce qu’ils en font là-bas, peuchère ! Peut-être les mangent-ils ? Dans ce cas, il y en a certains ici qui feraient bien de s’exporter, ça nous débarrasserait des emmerdeurs... D’un autre côté, nous risquerions d’empoisonner de braves gens, ce serait immoral. Ce n’est pas parce qu’ils sont pauvres qu’ils doivent aussi être malades...

 

Qui je suis, moi ? Vous ne le savez pas ? Oh ! Quand même ! Bon, je me présente : je suis la comtesse de Ségur... Pardon ? Que dites-vous ? Comment ! Ce n’est pas vrai ? Elle est raide celle-là ! Si le lecteur se met à mettre en doute l’identité de l’auteur, où va la culture ?

 

En attendant, la culture, elle va au boulot, ma vieille ! Allez hop ! File, tu es déjà en retard.

Heureusement que je me parle sinon j’oublierais de partir. Je suis trop bien ici. Avec vous. Vous auriez pu au moins me dire que c’était l’heure.

Un SDF de vingt cinq est mort de froid ce matin dans la région parisienne...

 

C’est vrai qu’il gèle ! Je gratte les vitres de ma voiture pendant plus d’un quart d’heure. Cette fois-ci, je fais fort. Je vais devoir rentrer avec la nuit et comme j’ai des hallucinations... Au fait, est-ce que je vous l’avais dit ? Ah oui ? Bon.

L’eau de la rivière est gelée. Un petit canard téméraire s’y aventure, au risque de glacer ses petites pattes. Ils sont fous, ces canards ! Le soleil m’éblouit en se reflétant dans les vitres des HLM barrant l’horizon.

Au bureau, il fait une chaleur étouffante. C’était déjà le bagne, ça va être Cayenne. J’ai peur de m’endormir. Une montagne de paperasses me fait penser à la tour de Babel et j’ai envie de m’enfuir en courant. Mais je bise tout le monde - un mélange de parfums, je ne vous raconte pas - j’ouvre mon armoire et le cauchemar remet ça. Sur l’étagère, à hauteur de mon nez, des yeux me regardent. Je referme précipitamment. Je sens la sueur couler le long de ma colonne vertébrale. Je me pince mais ça ne me réveille pas. Catherine me regarde d’un air goguenard et me dit :

 - C’est le boulot qui te fait cet effet-là ?

Quelle finesse dans le propos ! Elle est pleine d’intelligence, celle-là... Comme c’est malin... Je vous présente Catherine, cheffesse numéro deux. Je lui offre mon plus beau sourire, celui qui mord, et je m’assois.

- Ca va ? me demande Aline. Tu n’as pas l’air en forme ?

Elle, au moins, elle est nature. En ce moment, elle a des poches sous les yeux jusqu’au milieu de la figure parce qu’elle ne dort pas mais elle s’inquiète pour ma santé. C’est sympa... Il faudra que je lui demande si elle peut me donner des infos sur la folie...

Je n’ose plus ouvrir l’armoire. Pourtant, il faut que je prenne mes dossiers ! Je ne vais pas passer la journée à contempler mon bureau vide. Cela ferait désordre...

Bon, je me lance. Il n’y a plus rien dans cette satanée armoire. Ouf. J’ignore où sont passés les yeux... N’empêche... Ça me met mal à l’aise, cette histoire d’œil. Ça fait penser au mauvais œil, et tout d’un coup j’imagine des petites poupées en terre plantées de piques... Pas de vaudou, ma fille. Ici on est dans un bureau de gens sensés. Je demande avec la meilleure volonté du monde :

- Qu’exportons-nous, aujourd’hui ?

Regards courroucés, soupirs, haussements d’épaules... Evidemment, j’aurais dû le savoir. Evidemment.

Donc, nous  exportons toujours nos beaux cerveaux bourrés de matière grise à craquer. Les enfants du Tiers Monde, ceux qui sont anthropophages, vont pouvoir se faire de la tête de veau sauce ravigote pour pas un rond. Tant mieux.

D’ailleurs, de la matière grise, il en rentre dans le bureau. De la matière grise de classe. Vous pensez : pas de bonjour, rien. On ne salue pas des cerveaux vides (ce sont les nôtres...).

Je n’ai pas le temps de philosopher plus longtemps sur le devenir des futures têtes de veaux sauce ravigote des anthropophages. Je suis happée par une cheffesse en colère qui me somme de venir tout de suite, sans attendre et sans délai, dans son bureau. Qu’est-ce que j’ai encore fait comme couillonnades ? J’en ai marre. J’ai envie de lui jeter mes dossiers à la figure mais je ne peux pas. Je suis très bien élevée, moi, polie. Bonjour Madame, merci Madame, au revoir Madame. Et puis, ils diront que je suis devenue folle, alors que je ne suis même pas capable d’écrire un mot sur la folie !

Elle me parle gentiment comme si j’étais nunuche. Je fais trop d’erreurs. Il n’y a que moi qui en fais dans cette boîte, d’ailleurs. Ici, tout le monde est parfait. C’est con. Si j’avais su que dans cette société on ne prenait que des gens parfaits, je serais restée au chômage. Mais on ne vous dit rien à l’ANPE. On vous laisse, petit être imparfait, vous jeter dans la gueule des loups de la perfection. Je suis désolée au-delà de l’exprimable. Je ne le ferai plus. Je bêle de désespoir comme la chèvre de Monsieur Seguin. J’ai fait une grosse bêtise : j’ai envoyé un cerveau de raciste en Afrique ! Je ne le savais pas, moi, qu’il était raciste, ce cerveau ! Z’avaient qu’à y mettre des étiquettes, comme dans mon rêve ! Pourtant, ce n’est pas la première fois que quelqu’un fait une erreur, dans ce bureau. Mais je ne sais pas pourquoi, quand c’est moi, ça les défrise.

Tout a commencé quelques mois auparavant. Des erreurs, avant, je n’en faisais pas. J’envoyais toujours les cerveaux où il fallait. Mais on m’a pistée, espionnée. Il faut dire que nous faisons aussi de l’espionnage de cerveau. Genre James Bond. Alors, forcement, on espionne aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Depuis, comme je me rends compte qu’on me regarde, je veux faire bien, alors je plante tout. Je me sens cernée de toutes parts. On me compte, on me note, on me décortique. Ils parlent en chuchotant dans les couloirs. Tout autour, c’est la loi du silence.

Entre parenthèse, j’aimerais bien savoir ce qu’il est devenu le cerveau de raciste en Afrique. On ne l’a jamais revu, paraît-il...

Quand Susie a envoyé un cerveau de vétéran de la guerre d’Indochine au Vietnam, personne ne lui a rien dit. On a étouffé l’affaire. Il paraît pourtant que là-bas, cela a fait un foin terrible. Il a été arrêté après avoir tué je ne sais combien de vieux qu’il croyait reconnaître de son épopée héroïque d’antan. Incident diplomatique... Qui l’a envoyé ? On ne l’a jamais dit. Mon raciste à moi, il n’a pas fait d’histoire. Les gouvernements africains n’en ont rien à fiche qu’un blanc se fasse manger ! Avec tous les problèmes qu’ils ont pour nourrir la population... Au niveau national, personne ne l’a su. Mais ici, mazette ! Je vais faire la Une du journal d’entreprise. Je serai donc célèbre.

 

Aujourd’hui, la Déclaration des Droits de l’homme a cinquante ans. Si vous l’oubliez, elle n’est rien.

 

En attendant, Catherine, la cheffesse numéro deux, elle est en colère. J’ai la tête en l’air... Qu’on lui coupe la tête ! C’est dans Alice au pays des merveilles... Vous vous souvenez ?

Max, ça c’est le chef, en rajoute. Lui, il est chef, enfin sous-chef du chef, c’est à dire qu’il se situe entre le sous sous-chef de chef et le chef lui-même qui est chef mais pas grand chef, puisque le grand chef est au-dessus de tous les chefs y compris du sous grand chef. Voilà... Mais oui, des chefs, ici, il y en a partout. Tu te balades dans un couloir, tu te retournes, et hop ! Il en surgit au moins trois d’un coup. Jamais le même. C’est comme les blattes, ça. Ca court dans les couloirs... C’est normal, pour une société d’exportation de cerveaux. On ne pouvait pas faire dans le simple. De quoi aurait-on l’air ?

- Et la note ? Tu as lu la note ?

Note ? Vous avez dit note ? Comme c’est...

 

Oui, ça va ! Je le sais, je ne suis pas Louis JOUVET. Eh, oh ! Entre nous ? Vous ne me prendriez pas pour une dingue des fois ? Parce que, si c’est le cas, faut me le dire.

 

Donc, je manque de concentration. Je voudrais leur dire que ce n’est pas étonnant, vu comme je suis espionnée. Mais je ne peux pas. J’ai un nœud dans la gorge et envie de pleurer.

Au bout du compte, je retourne à ma place. Je les haïs. 

Pour me changer les idées, la Grande Cheffesse me demande un dossier. Zut. Il faut que j’aille aux archives. Je n’aime pas les archives. Je ne sais pas pourquoi. Elles sont au sous-sol, mais là n’est pas le problème. Les vies des gens y sont entassées, pêle-mêle, sans aucun respect pour les sympathies ou les antinomies. On y a rangé, ensemble, des personnes qui se détestaient cordialement. Il y règne une atmosphère de mort lente, de moisissure et de cafard. J’ai une angoisse bizarre chaque fois que la porte de l’ascenseur s’ouvre. J’ai l’impression qu’un monstre rôde dans les rayonnages.

Lorsque la porte de l’ascenseur se referme sur le monde civilisé (ou prétendu tel), j’ai le sentiment d’être aspirée par une machine infernale. Je descends dans les profondeurs du monstre exportateur de cerveaux. C’est là que sont cachés les secrets d’état de l’entreprise. Combien de cerveaux se sont laissé capturer et mettre au formol dans des bocaux de verre ? Il y a une grande armoire fermée à clef au fond du couloir. Je suis sûre qu’ils sont là. Pauvres cerveaux de pauvres humains... Pauvre misère. Avoir tant œuvré pour l’humanité et finir dans un bocal ! Je vous demande un peu ? Qu’ont-ils fait pour mériter ça ?

Toutes ces questions cruciales me passent par la tête tandis que l’ascenseur descend, descend...

J’ouvre la porte et cherche à tâtons la lumière. C’est étrange. D’ordinaire, il fait moins noir et l’interrupteur est juste en rentrant à droite. J’ai beau toucher le mur je ne trouve rien. Pire : une lueur blafarde éclaire la pièce. Mes yeux commencent à s’habituer à cette luminosité. Elle change des néons. La lumière vient d’une torche pendue au mur. Une torche ! Je vous demande un peu ? Qu’ont-ils encore inventé pour dérouter les honnêtes travailleurs ?

Et moi, Alexandre Dumas qui me retrouve dans les catacombes d’une société d’Import-export !

 

Comment, je ne suis pas Alexandre Dumas ? Je vous en pose des questions, moi ? C’est pas vrai ! Toujours à contredire, à protester, à contester, à me contrarier !

Allez, je vous fais marcher. Je ne suis pas Alexandre Dumas. Je suis Charlotte Brontë. Mais vous ne le dites à personne ? Promis ?

 

Donc, Charlotte - c’est moi - tâte les murs dégoulinants d’eau. C’est vrai qu’on se croirait dans un égout ou un cimetière moyenâgeux... Ca pue là-dedans ! Je ferais mieux de retourner en arrière mais je suis d’une curiosité maladive et incurable. Alors je poursuis ma descente aux enfers... Plutôt aux « archfers »... Le sol est glissant, un petit ruisseau coule tranquillement au milieu du couloir. Sur les murs, à la lumière des torches, j’aperçois des cavités creusées dans la pierre. Il y a des inscriptions illisibles sur des plaques de fer. Brr... Qu’est-ce qu’il fait froid ! Enfin, le couloir s’élargit et s’ouvre sur une grande salle en voûte d’ogive. Elle est magnifique ! Des feuilles d’acanthe en ornent le pourtour, et des fresques colorées couvrent presque toute la surface des murs. Où vais-je trouver ce foutu dossier là-dedans, moi ? J’ouvre une porte au hasard et je découvre une autre petite pièce avec des excavations peu profondes. J’y jette un regard furtif. Quelle horreur ! Sur une étagère, bien en vue, la tête de Catherine me regarde d’un air figé, stupéfait, comme si elle était aussi étonnée que moi. Un hurlement de loup sort de ma gorge. C’est plus que je ne puis supporter. Je m’enfuis en courant, poursuivie par un rire sadique sorti de je ne sais où.

Dans l’ascenseur, je retrouve un peu mes esprits. Ce n’est pas le moment de perdre les pédales. Je ne vais pas leur raconter mon aventure, tu parles ! Le plus incroyable, c’est que ce maudit dossier s’est retrouvé entre mes mains par enchantement. Décidément, il se passe de drôles de choses dans cette société...

J’ai quand même une pensée émue pour Catherine décapitée. Elle ne méritait tout de même pas cela. Elle était un peu acariâtre, genre vieille fille outragée en permanence. A mon avis, elle n’avait jamais connu l’amour, ce devait être la raison... Dommage pour elle. Maintenant elle ne le connaîtra jamais. C’est tout de même injuste... Il y en avait d’autres à décapiter avant. Par exemple, des qui sourient uniquement lorsqu’ils se coincent  les doigts dans une porte...

Je tends le dossier à la cheffesse en chef, en tremblant.

- Vous ne vous sentez pas bien ? me demande cette assistante sociale-éducatrice-spécialisée-infirmière qui a raté sa vocation. Si vous êtes malade, vous devriez rentrer chez vous.

Attention ! Ce n’est pas qu’elle soit vraiment préoccupée par ma santé ! Erreur ! C’est pour que je ne contamine pas tous les cerveaux de mes dossiers. Cela ferait mauvais effet, pour une société d’import-export ! Est-ce que vous imaginez cette éminente matière grise éternuer dans une réception d’ambassade par exemple ? Dans les petits fours ou les décolletés des dames ? Et qui c’est qui aurait un blâme ?

***

 

La suite demain mes amis. Je ne peux pas vous laisser comme ça dans l'expectative plusieurs jours. Et puis, il faut que mon expérience vous serve de leçon. Donc, demain même heure même endroit. Pour la fin  de mon calvaire 

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